5’008 signatures en faveur de l’initiative populaire cantonale pour un salaire minimum légal
La coalition bilingue de partis politiques (le POP, le PSVR, les Verts, SPO, Entremont Autrement) et de syndicats (Unia, USV, OGB, SAP) qui se sont associés pour lancer l’initiative pour un salaire minimum légal a largement atteint le nombre de signatures nécessaires au passage en votation populaire. En effet alors qu’il fallait récolter 4’000 signatures en 12 mois pour permettre à l’initiative de passer en votation populaire, 5’008 signatures ont été récoltées et sont déposées ce vendredi 12 janvier 2024 à la chancellerie d’État !
Président du comité d’initiative et co-président du POP Valais-Wallis, formation ayant remis au goût du jour l’idée d’un salaire minimum en Valais, Adrien D’Errico relate : « le travail de récolte de signatures s’est très bien déroulé durant ces 12 mois ; les retours de la population nous permettent d’être enthousiastes. Il n’était pas rare de croiser des personnes surprises qu’un salaire minimum n’existe pas et que rien n’empêche dès lors des employeurs scélérats et exploitants de créer des nids de précarité ; le fait que bon nombre de personnes se montrent surprises de l’absence de minima salariaux hors CCT, outre le fait d’une méconnaissance globale de l’existence de travailleuses et travailleurs précaires dans notre canton, est de très bon augure pour la suite de la bataille. Par ailleurs, la relativement confortable marge de signatures déposées va dans le même sens. Nous sommes blindés et motivés ! ».
Soucieux de penser à tous les domaines professionnels lorsqu’il s’agit de lutter de front contre la précarité, Martin Dremelj, secrétaire régional d’Unia pour le Haut-Valais note pour sa part : « si le canton a même combattu par le passé des salaires honteux dans les remontées mécaniques, il est temps que de tels bas salaires soient également interdits dans le reste de l’économie privée. Il est temps d’adopter une mesure de politique sociale comme le salaire minimum. Où sommes-nous, en tant que société, tributaires de salaires qui ne permettent pas de vivre ? ».
Sensible à l’introduction de salaires minimaux dans d’autres cantons et désireux de souligner leurs effets positifs sur l’économie de ceux-ci, Blaise Carron, secrétaire régional d’Unia Valais mentionne que « c’est une première étape importante que nous avons franchie aujourd’hui. Plusieurs cantons ont déjà introduit des salaires minimaux et cela est bénéfique pour les salariés et leur économie. En Valais, cela va être la même chose ! ». Conseiller national socialiste et vice-président du comité d’initiative, Emmanuel Amoos poursuit ce propos en rappelant que « en 2014, l’un des grands arguments des opposants à l’initiative fédérale pour un salaire minimum était alors qu’il fallait davantage tenir compte des différences régionales.
Les cantons de Neuchâtel, Jura, Genève, du Tessin et le demi-canton de Bâle-Ville se sont, depuis, dotés de salaires minimums. À chaque fois, l’initiative a été introduite au moyen d’une initiative populaire cantonale. Nous pouvons désormais nous appuyer sur des expériences concrètes pour affirmer, preuve à l’appui, le bienfondé du salaire minimum. Les bilans effectués dans ces cantons sont unanimement positifs. Les mauvaises prophéties du patronat qui annonçaient, entre autres, des licenciements et le blocage des salaires, ne se sont pas réalisés. Le taux d’aide sociale a même, dans certains cantons, baissé. Les retombées positives observées dans ces cantons doivent encourager le peuple valaisan à être le 6e canton suisse à montrer l’exemple. Ces réussites cantonales dans l’application du salaire minimum sont la raison pour laquelle nous demeurons aussi calmes qu’attentifs face au devenir de la motion Ettlin. Cette dernière demande de faire primer les CCT fédérales sur les droits cantonaux. Le projet de société, de Monsieur Ettlin et ses soutiens, vise à appauvrir encore plus les travailleuses et les travailleurs précarisés et à s’asseoir sur des votations populaires cantonales. La réponse que nous devons donner à cette attaque, est un grand OUI à un salaire minimum dans notre canton ! ».
Notons ici encore que l’introduction d’un salaire minimum légal de 22.- CHF de l’heure, avec une dérogation à 18.- CHF pour l’agriculture ne contribuerait pas qu’à combattre la précarité et que d’autres avantages d’une telle mesure sont à mettre en exergue. Combattant la concurrence déloyale occasionnée par les entrepreneurs exploitants, un salaire minimum favorise également les entreprises locales au détriment de celles venues de l’extérieur et renforce par ailleurs l’économie de proximité. Il permet aussi une baisse des prestations d’aide sociale. La population a été particulièrement sensible à ce dernier argument, comme le souligne Adrien D’Errico : « les sceptiques se laissent souvent convaincre par l’argument du sponsoring au grand capital ; quand tu exposes aux gens qu’une partie des impôts qu’ils paient est dépensé via l’aide sociale pour compenser des salaires trop bas, pratiqués par des entrepreneurs qui gardent cet argent dans leurs poches, ils sont révoltés et comprennent l’utilité d’un salaire minimum. »
Rappelons finalement que des chiffres de 2020 nous permettaient de dénombrer quelques 1'400 travailleuses et travailleurs valaisans qui dépendaient de l’aide sociale malgré une activité salariée à plein temps ou presque. Qu’en est-il de ces chiffres aujourd’hui, post inflation, augmentation du prix des énergies et des primes d’assurances maladies ? Il est grand temps, Valaisannes, Valaisans, d’aller de l’avant !
Renseignements :
Pour comité d’initiative pour un salaire minimum légal
Adrien D’Errico, co-président du POP Valais, 078 868 25 86
Blaise Carron, secrétaire régional d’Unia Valais, 079 668 64 57
Emanuel Amoos, conseiller national PS, 078 607 72 32
Martin Dremelj, secrétaire régional d’Unia Haut-Valais, 078 889 46 46